Chapitre X : Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet

Publié le 5 Juillet 2011

Vacances : petites lectures et gros repos !

... petit billet pour grosse flemme !

 RO70104906

 

Les couvertures cartonnées et les pages épaisses au toucher des livres de la bibliothèque verte vous renvoient au temps de votre enfance, lorsqu’Internet et son effervescence n’étaient qu’un prototype qui ne connectait pas le monde et ne faisait pas encore de nos sociétés des sortes de fourmilières affairées de toutes parts, à la recherche de la futilité, emprisonnées dans un tourbillon de « données ». Il est bon et reposant parfois de se fermer à cette frénésie ambiante et d’arrêter, le temps de quelques nouvelles, l’intrépide temps. L’odeur des pages jaunies ou l’ultime rempart... nostalgie nocturne, quand tu me tiens.

 

 

Je souhaite tout d’abord souligner la réelle difficulté dans le travail d’un nouvelliste pour allier le caractère bref de la nouvelle à la nécessité de présenter un fond de qualité, pour pallier le désir d’être prolixe et pour parvenir à un savoureux condensé de son talent. Le doigté de Daudet n’inspire que respect. Tentez vous-même, dans vos chroniques "blogguesques", de ne pas vous attarder sur les détails de second plan tout en donnant vie à votre chronique. Moi qui ne suis pas capable de développer une idée sans taper frénétiquement sur mes touches jusqu’à la crampe ou la transe, pour finalement aboutir au satané résultat du gros pavé que je ne parviens jamais à shunter… je salue l’artiste.

 

Les quelques interventions directes d’un narrateur intrusif qui interpelle le lecteur permettent une proximité entre les deux entités. Pour faire une comparaison, les interventions directes sont comme ce quatrième mur, ce grand mur virtuel au théâtre, que l’on casserait pour qu’acteurs et spectateurs soient enfin réunis. Dans les Lettres de mon moulin, la pièce n’évolue pas indépendamment d’un quelconque lecteur, puisque ce dernier est pris à partie, et sa patience est dument récompensée par une morale qui sait toujours arriver à point.

 

Daudet nous conte des historiettes peu communes, des anecdotes, nous promet-il, avec du paysan, du péché, du rebondissement et de la chute. Bref, l’apanage d’une nouvelle campagnarde réussie avec brio. Daudet sort tout l’attirail de la nouvelle pour que le lecteur ne puisse lui échapper. Cependant, ce sont des contes à lire avec modération, avec une certaine patience et un peu de courage. J’ai terminé Lettres de mon moulin à 1h20 du matin, et je peux vous assurer que malgré mon insomnie, je n’avais pas toutes mes capacités intellectuelles et ma concentration pour boire les paroles de cet énergumène de Daudet. Cependant, ne buvez pas trop ses paroles, l’auteur se trahit parfois et révèle une (troublante) face antisémite de sa personnalité, qui promet d’être dérangeante à la lecture. Les nouvelles ne se concentrent que sur les beautés éphémères d’une nature enchanteresse, l’auteur s’extasiant à des degrés différents des richesses du milieu au sein duquel il s’est retiré. Mais cette retraite est parfois bien ennuyante, autant pour l’auteur que pour le lecteur… Pour preuve, le dernier conte inverse la donne et s’inscrit littéralement en porte à faux vis-à-vis des autres récits : Paris lui manque, à ce cher Daudet, l’évocation de cette ville emplie le poète de nostalgie.

 

En bref

 

La relation de Daudet avec la nature est apaisante, reposante, sereine, et entraîne un profond sentiment de quiétude. La lecture est parfois fastidieuse si l’intérêt n’y est pas. Ne faites pas l’erreur, comme moi, de lire Lettres de mon moulin d’une traite. Monument de notre patrimoine culturel, les Lettres de mon moulin demeurent un chant à notre Provence tendre et généreuse.

Rédigé par L'épopée littéraire

Publié dans #Contes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article